Comment investir dans la musique ?

comment investir dans la musique

Investir dans la musique n’est plus réservé aux maisons de disques depuis plusieurs années. Aujourd’hui, vous pouvez acheter des droits, toucher des royalties et même miser sur des catalogues accessibles en ligne. Dans cet article, on vous explique comment investir dans la musique, les opportunités à saisir, mais aussi les risques à connaître avant de vous lancer.

Dans cet article :

Pourquoi l'industrie musicale est une classe d'actifs intéressante ?

L’industrie musicale connaît depuis quelques années un véritable renouveau ! Comment c'est possible ? 4 raisons principales expliquent ce succès.

1. Une croissance portée par le streaming

Personne n'est passé à côté : les plateformes de streaming que vous connaissez tous (Spotify, Apple Music, Deezer...) ont bouleversé le modèle économique de la musique depuis le début de la dernière décennie.

Aujourd'hui, les revenus mondiaux du streaming ont dépassé les 20,4 milliards de dollars sur l'année 2024, représentant plus des deux tiers du chiffre d’affaires de l’industrie musicale qui s'élève en tout à 29,6 milliards de dollars en prenant en compte les autres sources de gains que sont les droits voisins, les téléchargements et les ventes en physique (source : IFPI).

De ce fait, cette croissance régulière (que l'on peut observer sur le graphique ci-dessous) garantit une base de revenus récurrents et prévisibles pour les investisseurs !
Évolution des revenus musicaux mondiaux
Évolution des revenus musicaux mondiaux (1999-2024) - source : Ifpi

2. Des revenus récurrents et peu volatils

La récurrence des revenus de l'industrie musicale est donc un point-clé de cette classe d'actifs : investir dans la musique, c’est miser sur des droits qui vont générer des royalties à chaque écoute, passage radio ou synchronisation (publicité, films, séries).

Car oui, une oeuvre musicale est un produit immatériel qui existe perpétuellement et peut-être consommé à l'infini, à l'inverse du bien physique. Les revenus qu'elle engendre peuvent se décupler sans coûts supplémentaires.

3. Une diversification face aux marchés traditionnels

Une autre caractéristique clé de l'investissement dans la musique c'est la diversification.

Les droits musicaux ont une faible corrélation (voire nulle) avec les actions, les obligations et tous les autres produits que vous pourriez trouver en bourse.

Autrement dit, même en cas de crise boursière, crise énergétique ou n'importe quelle autre type de crise, les gens continuent d'avoir des loisirs et d’écouter de la musique !

En tant qu'investisseur, cette notion est clé : elle illustre la capacité de l'industrie musicale à diversifier un portefeuille grâce à des actifs moins sensibles aux fluctuations classiques des marchés.

4. Un intérêt croissant des grands investisseurs

Vous savez ce qu'on dit de l'investissement : il faut regarder la ou les capitaux importants vont, et ces dernières années, plusieurs fonds d’investissement ont dépensé des milliards pour acquérir des catalogues musicaux d’artistes...

Warner Music et Bain Capital ont par exemple lancé en 2025 une coentreprise pour investir jusqu’à 1,2 milliard de dollars dans des catalogues musicaux !

Cet engouement institutionnel est un indice qui confirme la solidité perçue de ce marché par ceux qui détiennent le capital.

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Vous l'avez compris : en 2025, la musique n’est plus seulement une passion. Elle s’impose désormais comme un actif tangible, générateur de gains réguliers, et qui attire autant les particuliers que les grands fonds d’investissement.

4 façons d'investir dans la musique

L’univers de l’investissement musical s’est fortement démocratisé, à tel point qu'aujourd’hui, il existe plusieurs moyens de placer son argent dans cette industrie, certains accessibles dès quelques centaines d’euros.

Voici les 4 principales options à connaître si vous décidez de vous lancer.

1. Acheter des droits musicaux ou des royalties

C’est la forme la plus directe d’investissement. Vous achetez une part des gains futurs générés par une chanson ou un catalogue, simple.

Chaque fois que le morceau est écouté, diffusé à la radio, ou utilisé dans une publicité, vous percevez une fraction des royalties !

Plusieurs plateformes spécialisées permettent cela :

  • ANote Music (Luxembourg) : vous pouvez investir dans des catalogues existants avec une transparence sur les revenus passés.
  • Boléro (France) : plateforme innovante qui permet d’acheter des shares (parts) de morceaux sous forme de tokens, rendant l’investissement musical plus accessible et traçable grâce à la technologie blockchain.
  • Royalty Exchange (États-Unis) : vous accédez à des enchères de droits musicaux détenus par des artistes ou des labels.
  • SongVest : la plateforme propose d’acheter des song shares, c’est-à-dire des fractions de revenus d’un morceau.
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✅ Avantages : revenus réguliers, sentiment de posséder un actif culturel & diversification de votre portefeuille.

⚠️ Inconvénients : faible liquidité (difficile de revendre rapidement), dépendance au succès du catalogue, frais de gestion sur certaines plateformes.

2. Investir via des fonds de catalogues musicaux

Si vous préférez une approche plus "clé en main", certains fonds d’investissement spécialisés gèrent directement des catalogues d’artistes. Parmi les plus connus on peut citer :

  • Hipgnosis Songs Fund, coté à Londres, il détient les droits de milliers de titres (Beyoncé, Shakira, Neil Young…).
  • Primary Wave Music ou Round Hill Music investissent dans des catalogues à fort potentiel.

Ces fonds perçoivent les revenus des morceaux et les redistribuent partiellement aux investisseurs sous forme de dividendes.

C’est donc une solution qui fonctionne et très pratique, mais qui reste réservée à des investisseurs plus avertis ou passant via des marchés étrangers.

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✅ Avantages : gestion professionnelle, mutualisation des risques.

⚠️ Inconvénients : accès parfois limité, rendement variable, exposition au marché boursier.

3. Acheter des actions de sociétés musicales

La troisième approche consiste à investir directement dans les entreprises qui font vivre la musique ! Vous pouvez acheter des actions cotées de sociétés comme :

  • Spotify (plateforme de streaming)
  • Warner Music Group ou Universal Music Group (majors)
  • Live Nation Entertainment (concerts et événements)

Ici, vous ne touchez pas directement des royalties, mais vous bénéficiez de la croissance du secteur à travers les performances boursières de ces sociétés, donc vous restez largement exposé au marché de la musique.

évolution action Spotify bourse
Évolution de l'action Spotify depuis son introduction en bourse.
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✅ Avantages : liquidité élevée, investissement simple via un courtier classique.

⚠️ Inconvénients : volatilité boursière, dépendance à la rentabilité des entreprises.

4. Soutenir un artiste indépendant

Enfin, vous pouvez choisir un modèle plus participatif : financer un artiste émergent.

Pour ce faire, des plateformes comme Utopia Music ou Corite permettent aux fans de contribuer à la production d’un single ou d’un album, en échange d’une part des revenus générés par le projet...

C’est une autre manière d’investir votre argent, tout en soutenant au passage la création artistique.

Mais là, attention : le risque est élevé. Si l’artiste ne perce pas, vous ne récupérerez probablement pas votre mise, c'est un investissement qui peut potentiellement être à fonds perdu.

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✅ Avantages : investissement émotionnel et participatif.

⚠️ Inconvénients : forte incertitude sur la rentabilité.

Les critères à prendre en compte pour investir

Maintenant que vous avez déterminé de quelle manière vous allez investir, il faut à présent savoir quels critères vous allez devoir analyser, pour déterminer si l'artiste, le fonds, les droits ou les actions valent la peine d'être financés, car tous ne répondent pas aux mêmes logiques ni aux mêmes risques.

1. L’historique des revenus

C'est bien évidemment le premier point à analyser : avant d’acheter des droits musicaux, consultez toujours les revenus passés du catalogue qui vous intéresse !

Les revenus générés constituent l'argument le plus solide, en la faveur (ou non) du catalogue... S'ils sont réguliers et constamment en hausse, vous en avez probablement un bon, avec un potentiel intéressant.

Les plateformes sérieuses (comme ANote ou Boléro) fournissent un historique sur 2 à 5 ans : utile pour estimer le rendement futur rapidement.

Gardez en tête que plus la stabilité des revenus est forte, plus le risque est faible !

2. La diversification du catalogue

Un catalogue contenant des centaines de titres et d'artistes offrira logiquement une meilleure mutualisation des risques qu’un seul morceau ou un seul genre musical !

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Privilégiez les catalogues diversifiés (pop, rock, rap, musique de film, etc.) plutôt qu’un titre unique, sauf coup de cœur assumé ou stratégie bien particulière.

3. La réputation de la plateforme ou du gestionnaire

Choisissez des plateformes réglementées ou reconnues dans le secteur. Pour cela, c'est assez simple, il vous suffit de vérifier :

  • leur ancienneté,
  • les avis utilisateurs,
  • la transparence des rapports financiers (les résultats de l'entreprise).

Fuyez toute société qui ne publie pas clairement la provenance des revenus ni les conditions de distribution. Si une entreprise prétend pouvoir faire fructifier votre capital, il faut à minima qu'elle soit capable de gérer le sien.

💡
En France, vous pouvez passer via ANote Music, dirigée par Marzio Schena basée au Luxembourg ou via Boléro, fondée par William Bailey et basée à Paris.

Ce sont, à notre avis, les deux plateformes les plus sérieuses pour obtenir des actifs dans le secteur musical.

4. Les droits réels que vous détenez

Certains investissements ne vous donnent pas la propriété complète des droits, mais simplement une part des revenus (sous forme de licence limitée dans le temps).

Ce n'est pas nécessairement un problème mais soyez certains que ce mode de détention vous convient, l'idée est de ne pas être surpris.

Sur ce cas précis c'est un petit plus fastidieux mais vous feriez bien de lire attentivement les contrats : durée, royalties (redevances), revente possible, frais cachés...

5. La liquidité de votre placement

Les royalties musicales ne sont pas aussi liquides qu’une action ! Pour être revendu rapidement, il faut un marché mature avec un certain nombre d'acheteurs et de vendeurs toujours présents.

Si vous souhaitez pouvoir revendre rapidement, préférez les fonds cotés ou les actions d’entreprises musicales. Les catalogues musicaux, eux, peuvent nécessiter plusieurs mois pour trouver un repreneur.

6. Les frais et commissions

Logiquement, vous devez vérifier tous ces coûts, ils vont réduire votre rendement net s'ils sont trop importants.

Les frais varient mais généralement les plateformes facturent :

  • des frais de transaction (2 à 5 %),
  • des frais de gestion annuels,
  • voire des frais de retrait.

Comparez-les toujours avant d’investir et soustrayez-les à votre rendement brut pour déterminer votre rendement net.

7. Les risques juridiques et fiscaux

Enfin, les droits musicaux peuvent être soumis à des litiges de droits propriété intellectuelle ou à des changements fiscaux selon le pays dans lesquels ils sont enregistrés.

Par exemple, des droits achetés hors Europe vous rapportant un certain revenu, vous pourriez être à la fois imposable dans le pays en question mais aussi en France !

Pour un investissement à l’étranger, informez-vous sur la convention fiscale en vigueur et, si besoin, consultez un fiscaliste, pour éviter la double imposition.

Limites et pièges à éviter

Comme tout placement alternatif ou considéré comme exotique, investir dans la musique comporte une part de risques non négligeable. Derrière l’image séduisante de toucher des revenus grâce à vos morceaux préférés, se cachent quelques écueils.

Surévaluation des catalogues

Le succès du streaming et son adoption continue sur les dernières années a entraîné une flambée des prix des catalogues musicaux, à tel point que certains droits sont désormais achetés à des valorisations très élevées, que l'on pourrait, dans certains cas, qualifier de délirantes.

Outre les investisseurs particuliers, les responsables sont surtout les grands fonds (Hipgnosis, Concord, etc.), qui investissent à coup de millions en espérant une valorisation future bien supérieure.

Le résultat ? Le rendement réel pour les nouveaux investisseurs sera moindre, puisque les valorisations sont déjà bien trop élevées, au-delà de la réalité du marché.

💡
Notre conseil : comparez toujours le prix d’achat au revenu moyen annuel généré par le catalogue (le "multiple de royalties").

Au-delà de 12 à 15 fois les revenus annuels, la rentabilité devient incertaine.

Le risque de concentration

Nous avons déjà abordé ce sujet précédemment : investir dans un seul artiste ou un seul titre, c’est comme miser sur une seule action.

Si sa popularité explose, banco ! Vous êtes gagnants, mais si le morceau perd en popularité ou si l’artiste disparaît des plateformes, les gains s’effondrent immédiatement.

C'est la raison pour laquelle, il faut diversifier entre plusieurs catalogues, plusieurs genres et périodes pour lisser le risque dans le temps.

Les litiges sur les droits d’auteur

On ne vous l'apprend sans doute pas si vous connaissez le secteur musical : le monde de la musique est juridiquement complexe.

Un même titre peut avoir plusieurs ayants droit (auteurs, compositeurs, producteurs...) et des conflits sur la propriété intellectuelle ou erreurs d’enregistrement peuvent suspendre temporairement le versement des royalties !

Pour se prémunir de ce genre de situations compliquées, vérifiez toujours que les droits proposés sont certifiés et enregistrés auprès d’organismes reconnus (SACEM, BMI, ASCAP…).

Le risque de fraude via le fake streaming

De nombreuses plateformes, si ce n'est toutes, sont confrontées à des fraudes au streaming : c'est-à-dire des écoutes artificielles générées par des bots pour gonfler artificiellement les revenus.

Sur le coup, personne ne s'en rend compte et en tant qu'investisseur vous voyez vos potentiels revenus gonfler, mais in fine, les plateformes arrivent souvent à détecter les fraudes et à corriger les statistiques !

Et lorsque cela arrive, on obtient des corrections brutales.

Difficile, voire impossible d'échapper à ces fraudes mais vous pouvez à minima privilégier les plateformes et catalogues affiliés à des organismes comme la Music Fights Fraud Alliance, qui lutte contre ces pratiques.

Les effets de mode

Dernier point problématique qui frappe le marché de la musique : les effets de mode.

Marché de passion, la musique attire de nouveaux investisseurs, mais aussi beaucoup de spéculateurs qui voient des occasions de profiter de l'émotion que suscite ce marché pour faire miroiter des rendements improbables.

Certains projets surfent sur la vague sans réelle viabilité économique (NFT musicaux, tokens sans revenus réels... Etc.).

Restez pragmatique : un bon placement musical repose sur des revenus mesurables et crédibles, pas sur une promesse marketing.

Exemple d'un investissement dans la musique

Pour bien comprendre ce que peut rapporter un investissement dans le marché musical, prenons un exemple arbitraire, selon un scénario précis. Ça vous aidera à mieux vous projeter sur les gains envisageables !

Le scénario

Vous avez décidé d’investir 1 000 € sur une plateforme comme ANote Music ou Boléro, dans un petit catalogue de 15 titres appartenant à un artiste indépendant.

Ce catalogue a déjà généré environ 100 € de royalties sur les 12 derniers mois, (selon les données vérifiées par la plateforme).

L’artiste souhaite vendre 30 % des droits futurs à des investisseurs, soit une part équivalente à 3 000 € sur un total de 10 000 € de revenus estimés. Vous achetez donc une fraction de ce catalogue pour 1 000 €, en échange d’une part des revenus correspondante (soit 10%).

Les revenus potentiels

Combien pouvez-vous espérer de cet investissement ?

Sur la base des revenus historiques, la plateforme estime un rendement brut annuel d’environ 10 %, soit 100 € par an.

Mais à cela il faut retirer :

  • environ 10 % de frais de plateforme (soit -10 €),
  • et prévoir une marge de sécurité si le catalogue perd de sa popularité (un montant difficile à estimer, d'environ quelques points de pourcentage).
💡
Votre rendement net réaliste tourne donc autour de 7 à 8 % par an (avant impôts !), ce qui reste largement compétitif par rapport à un placement classique non-risqué (livret A, obligations, etc.).

L’évolution dans le temps

Est-ce que cet investissement pourrait s'apprécier dans le temps ?

Oui et non ! Comme nous l'avons précisé précédemment, cela dépend du marché, de l'artiste en question... Tout autant de facteurs imprévisibles.

Donc, au fil des ans, plusieurs scénarios sont possibles :

Scénario Revenus annuels Rendement net Commentaire
Optimiste 120 €/an ≈ 9 % Le catalogue gagne en visibilité (série, TikTok, pub)
Moyen 80–100 €/an ≈ 7–8 % Les revenus restent stables
Défavorable 40–50 €/an ≈ 4 % Le catalogue perd de l’audience
En cas de baisse durable, vous pouvez revendre vos shares (parts) sur le marché secondaire de la plateforme (si c'est disponible), mais qui sera forcément à un prix légèrement inférieur à l’achat initial...

À retenir

  • Même un petit investissement peut générer des revenus passifs intéressants, à condition d’être patient !
  • Les revenus ne sont pas garantis, ils dépendent toujours du succès du catalogue.
  • Les frais de la plateforme et la liquidité du placement doivent être anticipés dès le départ (pour éviter les mauvaises surprises).
  • La clé reste la diversification : il vaut mieux investir dans plusieurs artistes ou catalogues plutôt qu’un seul.

💡
Finalement, cet exemple illustre bien la logique d’un placement musical : il s’agit d’un revenu de flux, comparable à un mini-loyer artistique.
Plus votre portefeuille de morceaux est varié, plus vos revenus sont stables.

Investir dans la musique, c’est allier passion et stratégie. Grâce aux plateformes comme ANote Music, Boléro ou Royalty Exchange, il est aujourd'hui possible d’accéder à un marché autrefois réservé aux professionnels. Un tel placement alternatif peut générer des revenus réguliers tout en diversifiant votre portefeuille, à condition de rester prudent : bien choisir ses catalogues, comprendre les droits acquis et accepter une liquidité limitée... Si vous aimez la musique autant que la rentabilité, c’est un terrain d’investissement à explorer : mais en rythme, pas en improvisation !

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Jordan Houi

Jordan Houi

Titulaire de la certification AMF et conseiller en investissements financiers, je vous partage des solutions simples (et moins simples) pour gérer et faire fructifier votre capital.
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